Récit de course d’un raid génial ou j’en ai bien bavé :-P « Merci à Raid Life »
4h40 nous arrivons sur le lieu de la course, presque toutes les équipes sont déjà là. Tout le monde prépare son matos de course, il n’y a pas un bruit. L’appréhension et le manque de sommeil se fait sentir sur le parking.
Les prévisions météo pour aujourd’hui ont vu juste, il commence à pleuvoir. J’enfile mon kway, histoire de ne pas partir trempé dès le début de la course. On retrouve garé à 5 ou 6 voitures de nous, nos co-équipiers de raid les 2 dgé. Un petit salut, 2, 3 conneries et on file chercher notre dossard ainsi que le doigt électronique qui nous permettra de pointer les balises. Le briefing est dans 15 minutes, il faut pas traîner.
VTT et sacs posés, il est 5h20 le briefing va commencer. Guillaume mon co-équipier laisse volontairement sa lumière arrière rouge allumée afin de retrouver nos vélos plus facilement dans toute cette colonie. Dernières explications sur le déroulement de la course, dernières consignes de sécurité, frontale sur la tête les 33 équipes se dirigent vers la ligne où le départ de ce 8e Raid Xtrem du Val d’Oise va être donné.
Guillaume veut qu’on parte devant pour le premier trail. Il permet de lisser les équipes afin que tout le monde n’arrive pas en même temps pour prendre la carte et que ce soit le bordel. Je lui propose de laisser 1 ou 2 binômes devant afin de ne pas emmener tout le monde dans notre sillage et surtout ne pas partir trop vite.
Il pleut mais il fait doux, le brouillard nous empêche de voir le sommet des pilonnes de la ligne à haute tension qu’il faudra suivre pour aller récupérer les cartes de CO. En revanche on voit bien les frontales des organisateurs et des bénévoles positionnés pour nous indiquer le chemin à suivre.
Dernières recommandations, le silence règne, TOP ! C’est parti pour 600 mètres de trail et une belle montée d’entrée de jeu. Ca part avec prudence, juste un gars devant nous, personnes veut passer devant. Ca gère !
A peine une minute au chrono et déjà les difficultés se font sentir. L’inclinaison de la pente, plus les pluies tombées ces derniers jours rendent le terrain très glissant, même avec mes fidèles Cascadia (chaussures de trail) qui sont d’habitude à l’aise sur ce genre de terrain, j’ai du mal à trouver de bons appuis. Le mec devant moi patine et n’avance quasiment plus. J’en profite pour le doubler et imposer mon allure.
Je récupère la carte tendue par un bénévole en premier. Guillaume n’est pas loin. Il arrive. Une lecture furtive de la carte et on repart immédiatement pour rester en tête et mettre la pression. 6 balises à pointer sur cette partie. Malgré la nuit, la pluie et le brouillard qui nous empêchent de voir à plus de 20 mètres, l’orientation est précise, on choppe les 5 premières vite fait. Un peu de jardinage pour la dernière. On perd 2 minutes. Pas grave ! On les a toutes et il faut vite redescendre au départ pour prendre les vélos.
Arrivé au parc à vélo, on nous ouvre la rubalise et nous annonce qu’on est 2e. Les premiers sont encore là, j’enfile mes chaussures de VTT et mon sac en 2 temps 3 mouvements, Guillaume fait de même pour mettre la carte sur son bike. Transition éclair, merci le triathlon ! On repart au cul des premiers pour 10 bornes de Road Book, il est 6h15, il fait toujours nuit. Je reste dans les roues des premiers le temps que Guillaume rentre bien dans son road-book. 500 à 600 mètres plus loin, Guillaume revient à ma hauteur. Le rythme des mecs nous convient, on s’encourage mutuellement et continuons la route ensemble...
3 bornes au compteur et 2 ou 3 fois que les mecs hésitent, un p’tit signe de la tête à Guillaume, je le laisse passer devant et à notre tour maintenant de rouler. Suivre c’est bien ! Mais il faut attaquer tôt ou tard et c’est le moment, ils n’ont pas l’air à l’aise sur ce road-book de nuit.
La cadence s’accélère le père Guillaume à envie de faire mal aux cuisseaux ! L’autre équipe essai de tenir dans ma roue mais l’écart se creuse petit à petit. Ils préfèrent sûrement ne pas se cramer sachant qu’il reste environ 10h de course à ce stade du raid. Quelques centaines de mètres plus tard, un petit coup d’œil dans le rétro, plus personne à nos trousses, une lueur au loin, virage 90° à gauche et… enfin seul. On termine à bon train pour maintenir l’écart et arrivons en tête au début de la CO au score, partie déterminante pour s’assurer un top 5.
Il est 7h15, le parc à vélo est vide, changement de chaussures express. Pendant ce temps, Guillaume choppe la carte de la CO où il faudra prendre le maximum de balises en 1h30. Tout dépassement d’horaire entraînera une perte de ces balises au rythme d’une par minute. 26 c’est le nombre total de postes avec une possibilité de se séparer sur 10 d’entre eux.
« Si tu veux un podium, une seul règle, il faut tout prendre »
Je lance un lap sur ma montre. Attention à l’heure… Guillaume, hyper concentré, choisit un bon itinéraire et oriente bien dès le début. On choppe les 8 premières, les plus compliquées au vu de la carte, en 40 minutes. On arrive à l’endroit convenu pour se séparer, Guillaume part à droite, moi c’est à gauche, la pression monte, on s’est donné 25 minutes pour prendre nos 5 balises et se retrouver au même point. Il faut
que j’assure. Le jour va bientôt se lever, la brume est encore plus dense, attention à ne pas se perdre…
Je trouve les 4 premières sans problème je regarde ma montre, 10 minutes ouahhh, il me reste 15 minutes pour la dernière de ma partie. Il est 8h10, le jour se lève gentiment mais il fait encore bien noir dans la forêt.
Balise n°23, prudence il y a un azimut de 200 mètres à faire, je m’enfonce dans cette partie assez dense je contourne quelques arbres et arrivé sur zone, rien dans un rayon de 10 mètres. La brume m’empêche de voir plus loin, merde j’ai trop décalé. Au lieu de revenir sur mes pas et repartir à l’azimut, je fais la grosse erreur de fouiller un peu partout dans toutes les directions, à gauche, à droite un tour sur moi-même et ????Putain je me suis perdu ! Impossible de savoir dans quel sens repartir pour retrouver mon Guillaume même si au pire je n’ai pas pris la balise. Je commence à paniquer mais garde mon sang froid. Obligé, l’enjeu est trop grand. Je place ma boussole au nord ainsi que la carte afin de pouvoir au moins rejoindre le départ/arrivée. Je pars dans la
direction où on s’est donné rendez-vous, et après quelques dizaines de mètres, coup de chance, je retombe sur le chemin où j’avais pris mon azimut. Je regarde ma montre. Plus que 2 minutes. Aller c’est trop con, je retente le coup. 20, 50, 150 mètres, je relève la tête et bingo la n°23 est là. Juste devant moi. Le levé du jour ma bien aidé sur ce coup là. Contrat remplit, je rejoins mon Guillaume et arrive 3 minutes en retard au point de rendez vous.
27 minutes c’est le temps qu’il nous reste, Guillaume m’avoue qu’il s’est aussi bien fait chier sur une des balises mais il a aussi tout pris. Il reste 22 minutes pour prendre les 8 dernières, ca va être super chaud ! Bien entamé à courir comme des dingues après ces balises, Guillaume doute de notre arrivée avant l’heure max et me suggère de laisser la balise 12 qui, au vu de la carte risquait de nous faire bien galérer. En forme, je lui propose de prendre la carte et de tenter le coup. Il faut tout prendre si on veut gagner je lui répète. Je prends les commandes de la CO et encourage sans cesse mon Guillaume pour qu’il s’arrache un max.
Le jour s’est levé, on attrape tout coup sur coup et termine la CO avec 4’28’’ d’avance sur le temps limite. Toujours premier, les organisateurs nous félicitent d’avoir tout pris.
« En ayant tout pris, vous avez frappé un grand coup. Bravo ! »
On récupère les bikes. Spéciale VTT, une boucle de 2 km à faire le plus vite possible, le temps effectué sera multiplié par 10 et ajouté au temps final. Il y a des minutes à récupérer. Malgré le jus laissé sur la CO il va falloir envoyé sévère ! Comme prévu, Guillaume, plus puissant sur les parties courtes et roulantes se positionne devant moi ! On nous tend le boitier qui va chronométrer la session. Prêt ? Go ! Ca part taquet, je suis à moins de 20 cm de la roue, ça va vite ! Ca va très vite ! Le sol est gorgé de flotte. Je vois au loin la rubalise accroché à un arbre sur la droite. Elle indique qu’il va falloir tourner. Guillaume, tête dans le guidon ne semble pas l’avoir vu, je hurle « droite ! droite ! ». Trop tard, il loupe la trajectoire et fait un tout droit en dérapage. Je tourne et ne lâche rien. Je le connais, les 5 secondes qu’il vient de perdre il va me les reprendre donc je file et ne l’attends pas.
Encore à droite, un petit faux plat dans la bouillasse. Plus qu’une borne, Guillaume est déjà revenu dans ma roue, il repasse devant et on s’arrache pour le finish. Je me jette sur le boitier pour arrêter le chrono. 5’57’’ çà fait du 20 km/h de moyenne c’est pas mal.
On verra avec les résultats en fin de course qu’on a fait le meilleur chrono de
la session avec 5 secondes d’avance sur le 2e temps. On se félicite, satisfait de notre spéciale. Le cœur est monté au max, on est essoufflé et bien cramé.
Les mecs de Raid Life, les organisateurs, nous disent de repartir cool car les 3 équipes qui nous suivent n’ont pas pris toutes les balises sur la CO donc pas de panique !
On repart pour du VTT Orientation sur 22 km, tout excité avec une petite pression car maintenant il va falloir tenir notre pole position pendant encore 8h. Ca va être long !
Sortie du parc à vélo, à gauche en route. Après 5 à 6 minutes je regarde Guillaume, plongé dans sa carte, silencieux, il m’inquiète. Phrase habituelle « Tu es sûr de la route ? » On cherche un chemin à gauche, trouvé ! Ca descend beaucoup, Guillaume est hésitant. Expérience oblige, on préfère faire un stop « lecture carte » plutôt que de dévaler tout à fond et remonter si on s’est planté. Une petite minute de réflexion, et merde on est hors carte. Retour à la case départ. Après le pont il fallait partir à droite et pas à gauche comme on a fait. Fait chier ! On a perdu 10 minutes avec cette connerie.
De retour au pont 3 équipes sont passées, pas d’inquiétude ce sont celles qui étaient derrières nous et qui n’ont pas toutes les balises. Mais du coup la prochaine équipe qui à fait carton plein ne doit plus être très loin, ne traînons pas quand même. Le parcours est exigent et ça ne roule pas vite, ça va être long ! Je mange car je sens que je n’ai plus de jus. A chaque petite bosse je monte en lactique. Je finis même par marcher quand ça monte trop. C’est pas bon signe ça ! 5 minutes après, plus rien !
L’hypoglycémie est là ! Obligé de descendre du vélo. Dans les grosses côtes, même marcher devient un vrai supplice. Guillaume beaucoup plus en forme m’encourage « Aller Seb, je t’ai jamais vu comme ça ! Tu es un guerrier ! ». Il s’étonne de mon état pitoyable. Je continue de m’alimenter, malgré l’envie de gerber ! Tout y passe, pâte de fruit, barres, chocolat, fruits secs…
Je regarde ma montre, ça fait 3h30 de course, encore 7h30. Je vais jamais finir ce putain de raid. Une demi-heure plus tard, je ne suis plus que l’ombre de moi-même. L’envie d’abandonner me traverse vite fait l’esprit, je pense à la famille sûrement en train de prendre leur petit déj et surtout à Guillaume qui serait déçu si je lui annonçais mon jeté d’éponge. Je fais le vide et continue. 1h15 que je me traîne comme une merde. Une équipe nous dépose, normal. Le parcours plus roulant qu’au début me permet de récupérer un peu sur le plat et les descentes. 5h de course je commence à revenir des ténèbres, je remonte dans le orange. Je ne veux pas trop y croire mais ça y est, la machine se remet en route. Je reviens de très loin. J‘avance beaucoup plus vite et on finit enfin ces 22 bornes de calvaire.
PC 2, un ravito nous attend. Guillaume me file son gobelet éco rétractable orange. Trop cool l’invention, on voit bien que Guillaume est un vrai aventurier. Ca sera 2 verres de coca cul sec pour moi et une banane. Ca fait du bien !
On enchaîne avec la CO de précision. 2 x 4 balises à prendre chacun en relais. Attention il faut être précis car les postes ne sont pas numérotés sur le terrain et il ne faut pas prendre celle du collègue sous peine de grosse pénalité (des balises en moins). Guillaume part pour le premier relais. On est quelques raideurs à attendre notre co-équipier parti à la quête des précieuses balises. Un mec de l’orga nous suggère de retourner au ravito car il y a bien 15 à 20 minutes d’attente. Je calcule, 15/20 minutes fois 4 relais, ça fait 1h-1h20 d’épreuve quand même. Bon il faut pas se cailler je remet mon Kway et attends.
Tiens les 2 dgé arrivent. On discute chacun de sa première partie mais je ne leur annonce pas qu’on se bat pour le podium. 22 minutes, Guillaume arrive, il me passe le doigt
électronique, l’appareil pour pointer les balises. Je pars sur mon relais. Ca se passe, mais pas nickel. D’ailleurs la balise 5 me cause des soucis, il y a deux dépressions devant moi et une balise dans chacune d’elle, 10 minutes que je suis dessus je n’arrive pas à être assez précis pour savoir laquelle prendre. Le temps passe, aller, au pif on verra bien. On finit par prendre les 16 balises du relais. Guillaume à l’air serein, moi j’hésite à cause de la 5. La fin nous le dira.
1h30 pour cette session, on n’a pas été très performant. D’ailleurs l’équipe Issy Aventure arrivée 20 minutes après nous sur cette épreuve (ils ont eu une crevaison) en termine également. Ils sont habitués des podiums sur ce type de raid, et on comprend qu’il ne sera plus possible d’être premier mais on s’accroche pour le podium.
1er Bike’N Run distance 3.5 km. On prends le vélo de Guillaume comme on l’avait convenu quelques jours auparavant. Je laisse mon sac volontairement pour pouvoir courir plus léger et plus vite enfin en théorie car je ne suis pas à 100% de forme plutôt à 50 même.
On enchaîne comme on peut, on fait pas un Bike n’ Run du tonnerre mais ça tourne quand même. Ce n’est pas un coup d’essai, on a acquis une bonne technique à force. Voilà, on est au PC 3. Débute une autre spéciale mais à pied maintenant. Un relais, 2 fois 800 mètres. Un petit tour de lac chacun. Allez Guillaume, au taquet ! Il part pleine balle ! oh la la !!! Les derniers 300 mètres vont être durs ! Je le vois qui arrive, ça sert les dents, le corps n’est plus en place, il donne tout ce qu’il a sur les derniers mètres. Il me transmet la puce, je pars en même temps qu’un autre gars. Tiens c’est un des mecs d’Issy Aventure. Il est là, à mon cul, il faut avouer qu’après le Bike n’ Run je cours un peu moins vite que d’habitude mais ça m’énerve ! Je suis coureur à la base. Pas moyen de me faire accrocher sur un pauvre 800 mètres. J‘accélère progressivement, ça y est le paysage commence à défiler c’est bon signe ! Derrière ça ventile. Je fais gaffe car il y a pas mal de gens qui se promènent et des gosses à vélo. Les gens qui nous regardent courir doivent se demander ce qu’on fout ici, recouvert de boue et de balafres.
Il reste environ 200 mètres, le mec de tout à l’heure a fini par sauter. Il m’a quand même fait flipper ce con. Je franchis la ligne, le gars d’Issy arrive et repart direct avec son co-équipier sur la suite sans s’arrêter. La vache ! Il y a de l’expérience ça se voit ! Je cherche mon Guillaume, il est tranquillement accoudé au ravito comme si il était au rade du coin. « Guillaume, aller, on y va, magne toi le fion ! » D’un signe des mains, il me dit calmos. Merde, je le connais par cœur, quand il fait cette tronche c’est qu’il commence à être mort.
A son tour, la fatigue musculaire et les crampes l’envahissent. Le trail pour rallier le tir à l’arc se fait en mode randonnée. Marche arrêt, marche arrêt c’est le rythme. Une équipe mixte du format light nous double tranquillement, j’aime pas trop ça ! Ca confirme notre faible allure. Aller, rassurons-nous en se disant que ça doit être pour tout le monde pareil sur notre format. Heureusement le trail ne fait que 3 bornes c’est pas très long même quand on morfle. Arrêt chrono !
On est arrivé au tir, épreuve qui sert à obtenir des points qui serons convertis en minutes. Le chrono étant stoppé pas besoin de speeder. Ca tombe plutôt bien on va pouvoir récupérer. On nous envoie sur le stand N° 5, c’est tout en bas. On descend tranquillement, en regardant au passage les autres équipes qui tirent.
C’est cool pour une fois ce n’est pas des cibles comme on trouve d’habitude mais des animaux taille réelle en plastique ou silicone. Stand de tir N°5, les gars qui nous attendent ont l’air sympa. Ils nous expliquent comment se servir de l’arc et surtout comment ne pas se latter l’avant bras avec la corde. 4 flèches chacun, et un beau lion a 10 mètres, on va se le faire, il n’a pas l’air féroce.1 point si on touche le lion, 2 si c’est dans le cœur. Guillaume en vrai Robin des bois fait 3 tir à 2 point et 1 tir à 1 point, moi c’est l’inverse mais je suis content d’avoir mis toutes les flèches dans l’animal, merci au Monsieur qui me disait « monte ou baisse un petit peu ton arc ».
12 points sur 16, meilleur score pour l’instant, on a de la chance, 12 minutes en moins pour le final.
On quitte le stand pour retourner au PC 4 (accueil tir à l’arc). Qu’est ce qu’il y a devant nous ? Une belle patate verticale à monter. Normal quand on est descendu il faut bien remonter, et là ils ont décidé d’écourter le retour au PC donc un beau pourcentage de pente. On monte comme des macaques à l’aide des mains et des pieds, c’est
dur, ça glisse, un fou rire nous prend. On est là, se marrant comme des cons, en train de s’agripper à ce qu’on trouve pour pas tout re-dévaler.
Retour aux choses sérieuses, on récupère les cartes pour les 6 km de CO qui suivent. Le temps conseillé pour la faire est de 45 minutes. Vu son état de décomposition, Guillaume me suggère de laisser les balises qui nous déroute et d’aller au plus court. Toujours dans la compète je lui propose de prendre le début et de laisser la fin si on a des difficultés pour avancer ou du retard. Il acquiesce, on repart.
Carte en main, motivé comme jamais, je dirige la CO à merveille. Tout s’enchaîne nickel chrome, le moral est bon et la forme est revenue. Ça envoie ! 40 minutes, c’est le temps qu’il nous a fallu pour prendre les 11 balises du parcours. Vu le temps qu’on a mis, on se dit qu’on n’est pas si mort que ça. Ca redonne de la niaque !
On est de retour au PC 2, endroit où on a laissé mon vélo pour partir sur le Bike n’ Run avec l’autre. Maintenant c’est simple refaire le Bike n’ Run mais avec mon vélo pour retourner au lac prendre celui de Guillaume.
Je laisse le vélo à Guillaume, qui refait un petit squat au ravito. « Guillaume je commence à y aller, tu me rejoins ! » Il me répond « ok et n’oublie pas ton sac » Merde ! Je l’avais oublié celui-là. Bah oui pas pris au 1er passage, il faut bien se le taper au 2e, ça sera un Bike n’ Run avec un sac de 10 kilos sur le dos. Là, mauvais choix, avec du recul j’aurais du le prendre tout à l’heure quand j’étais forcément moins entamé. Tant pis c’est fait ! On avance moins vite que tout à l’heure mais c’est pas catastrophique non plus. Quelques dizaines de minutes après on aperçoit le lac en contre bas et l’autre vélo qui nous attend sagement. Coup d’œil sur le chrono, ça fait 8h30 que le raid a commencé. Le calcul est simple 11h moins 8h30 ça fait 2h30 ! C’est le temps qu’il nous reste pour torcher les 20 km de VTT en suivi d’itinéraire et enfin franchir la
ligne d’arrivée. Un petit 8 km/h de moyenne, c’est pas énorme, mais avec le terrain boueux, les côtes et les possibles erreurs, ça va être chaud !!!
A ce stade on ne sait plus du tout à quelle place on se trouve dans le classement, on s’en fout mais dans le doute on préfère ne rien lâcher pour ne rien regretter à l’arrivée. Guillaume bataille toujours avec ses crampes, on n’avance pas vite et s’arrête souvent. Je flippe de ne pas arriver à temps. Les kilomètres défilent lentement, on n’en voit pas le bout. Je matte ma montre et mon compteur toutes les demi-heures, c’est long, mais on tient les 9 km/h de moyenne. Il reste 30 minutes, et 3 km. On commence à y croire. Il faudrait un gros pépin ou un ennui mécanique pour se louper.
Dernière grosse montée entre les champs. C’est l’embouteillage. Les équipes parties sur le raid plus court sont toutes à la queue leu leu. Pieds à terre, impossible de monter à vélo, c’est trop gras, ça colle aux pneus. Guillaume est 100 mètres derrière perdu entre les raideurs du format light, je l’encourage ! « aller, aller, c’est fini ! » Dernière descente, celle qu’on avait monté à pied au tout début du raid. Dernières sensations, derniers plaisirs… Je descends à fond, on oublie les freins sur ce genre de partie pour ne pas glisser. Je double quelques équipes qui descendent plus prudemment avant d’apercevoir enfin la finish line attendue depuis des heures… J ‘attends mon Guillaume pour pouvoir faire stopper le chrono.
10 h 46’ 27’’ c’est fini ! On se félicite, content d’avoir terminé ce raid de dingue ultra difficile à cause des pluies tombées la semaine précédente qui ont rendues le terrain très exigent.
On pose les vélos, ils sont dans un sale état ! Eux aussi se rappellerons de cette mission. Il y a du monde au lavage, pendant ce temps on file à la douche. Le pied ! Une douche bien chaude quel plaisir ! Comme personne n’attends, j’en profite pour trainer un peu. Nos jambes ne ressemblent plus à grand-chose ! Elles témoignent des attaques subies durant tout la course. Ronces et orties nous ont rappelé qu’on avait joué sur leur territoire.
Propre, sec et changé, on se rend aux résultats. On finit 2e. Saint-Just VTT gagne la partie tandis que nos adversaires direct, Issy Aventure, terminent à la 3e place. On est aux anges, très satisfait de notre performance. On prend encore de l’expérience ce qui nous permettra, un jour, de finir sur la plus haute marche du podium.
Le reste des photos est ici. Merci à Raid Life de nous avoir autorisé à les utiliser.
Voir en ligne : Le site du Raid du Val d’Oise
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