Mec ! Tu veux faire la Gravity Race avec moi ?
C’est quoi ?
Un swimrun
C’est quoi ?
Tu cours en combinaison et tu nages en baskets.
Tu déconnes ?!
Evidemment que je connais le swimrun. Nous avons au sein du club les précurseurs de la course OtillO. Ca a créé un engouement. Des équipes se sont formées, les podiums se sont enchaînés. Pour la Gravity, pas moins de 6 binômes du club y participent. Pas mal pour des parisiens.
Evidemment Greg et moi sommes les p’tits nouveaux. Tout reste à faire.
C’est quand la course Greg ?
Dans un mois.
Ah ouais…
Ma prépa a commencé en regardant Intérieur Sport sur l’OttilO 2015 : les trous dans les chaussures, la corde élastique, le dessin du parcours sur les plaquettes, c’est du grand n’importe quoi cette épreuve…
Le premier entraînement typé swimrun, je le dois à Agnès, la seule personne à bien vouloir aller s’encorder avec moi à l’étang de Torcy à 7h du mat avec les canards. Greg lui, préfère nager au chaud à la pistache. Après cette chouette séance, je me rends à l’évidence, un swimrun, ça se prépare. Le matériel, les transitions, bref sans entraînement, tu perdras du temps.
Le deuxième et dernier entrainement, une semaine avant la course se fera dans un étang proche de Dijon, avec Olivier et Damien, une équipe inscrite à la Gravity. Eux s’entraînent depuis 5 mois, ils sont efficaces et affutés, Moi c’est la catastrophe. Pourtant j‘ai tout fait comme les vrais : achat d’une combi spéciale swimrun, le pull attaché à la cuisse, la clé de voiture cachée sur la roue avant de la voiture… Bref, je me rends compte que le pull-buoy se fait la malle lors de la nage, mes plaquettes se dérobent. En CAP le haut de la combi, serrée aux manches s’enlève difficilement. Et de son côté à St Cloud, Greg a encore l’étiquette du prix accroché à sa combi neuve. On est mal barrés…
Annecy. Son eau cristalline, ses montagnes, son swimrun et nous.
Greg a acheté une cagoule, l’eau est à 15°C. Alors quand au départ nous voyons un gars vêtu d’une simple tri-fonction, je me dit que son sexe va jouer à l‘anémone de mer.
Finalement les sensations dans l’eau fraîche sont bonnes, nous laissons le peloton partir, nous ne nous encordons pas. 500 mètres après, à la sortie de l’eau, j’attends mon Greg.
Nous partons pour 11,5 km et 1000 D+. Ca grimpe sévère, ça ventile, Greg prends le large, j’ai du mal à suivre sa cadence. Arrivés sur la crête du Mont Veyrier la vue est saisissante. Beau ciel bleu, soleil sur le lac tout en bas. On relance. La descente est un vrai régal.
Au swim 2, Greg ne veut pas s’encorder. Je récite ma natation mais les directions à prendre sont hésitantes à cause d’un soleil levant pile dans l’axe. En sortie de l’eau j’attends mon Greg. Il sort de l’eau tout crampé. Le temps de s’étirer je vois Agnès et Camille passer. Dès ce moment on jouera au chat (nous) et à la souris (eux) jusqu’à la fin de la course. Ça nage vite une souris !
Grosse portion cap dans le village avant d’attaquer le gros dénivelé dans la haute forêt lointaine.
Nous croisons de temps à autre Caro et ses parents qui nous encouragent et prennent des photos.
Ca grimpe, ça ventile. « Ca va Jérôme ? » me dit Bruno même pas essoufflé en me dépassant tout en tractant Guillaume. J’ai grommelé un truc sans intérêt mais dans la souffrance j’ai pensé très fort « Qu’est c’que ça peut te foutre ! ». Descente à fond, Greg un peu dans le dur derrière.
3ème portion nat de 1000m et encordage avec Greg. Du coup, comme il a du souffle en réserve, je retrouve mon Greg râleur « A gauche ! » , « putain à gauche ! ». Nous sortons de l’eau, Greg n’est pas crampé, Greg est content de s’être fait encordé.
On fait un bout de chemin avec son beau-père puis nous attaquons une montée. Ca grimpe, ça ventile. La descente se fait à travers champs et forêts.
Swim 4 : la traversée, 870m. Pour éviter de nous faire broyer par les bateaux à moteur, l’orga nous accroche à chacun dans le dos un ballon gonflable (qui passera son temps à m’emmerder) pour être visible de loin. « A gauche, putain ! » (on est encordé, Greg a du souffle en réserve). Au ravito, c’est thé brûlant et barre céréales. Tout ce que t’as pas envie d’avaler.
On repart en trottinant. Nous voyons une équipe à l’abandon. Dernière montée en lacets. Greg devant m’encourage à aller plus vite. Sauf que je suis cramé. Descente ok puis une longue portion plate avant de descendre vers le lac. J’ai de moins en moins d’énergie, je respire mal, c’est catastrophique.
Dernière portion nat. 1700m à avaler avec un vent de face et les clapots qui te freinent. Enfin pas pour Camille et Agnès (la souris nageuse). Eux c’est plutôt en mode jetski qu’ils finissent ce gros morceau.
Le dernier kilomètre cap est un vrai calvaire. Impossible de respirer, je suffoque à chaque pas. Greg me tracte, j’aurais bien voulu gueuler « A droite putain ! » mais c’est impossible.
Ligne d’arrivée.
Bravo mon Greg, j’ai passé une « putain » de chouette épreuve avec toi.
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